Sous les Alizés, la danse a du souffle. D’une rive à l’autre des îles Mascareignes, à celles de l’Inde et de l’Afrique, sur la terre battue, sous les feuilles des grands arbres, sur le macadam ou parfois même sur les plateaux des salles de spectacle, hommes ou femmes engagent leur corps pour explorer, partager les joies, les conquêtes, les questions et les luttes qui foisonnent. 1001 lieux sont pour la danse qui partout les déborde. Intense, singulière, accompagnée des sons et de la langue créoles, de l’histoire et du patrimoine ou simplement incarnée dans les gestes prodiges et sans mots, elle affiche son désir de réinvention de maillages nouveaux entre le savant et le populaire, le proche et le lointain : ce qui va recréer de la mémoire et lui donner le sens d’une énergie vitale, celle qui relie et fait avancer les sociétés, ensemble. Cette vitalité sonne en écho généreux aux recherches artistiques et sociales des scènes européennes qui voudraient faire le mur d’une modernité nécrosée dans le carbone, l’acier et le béton, individualiste et déshumanisante. Depuis La Réunion, elle vibre avec le cœur résilient des voisins d’Afrique, qui tracent sans cesser. Elle est un creuset du vivant d’avant-garde, un creuset d’imaginaire pour un monde nouveau, un creuset de paix. Lalanbik voudrait offrir une maison à cet océan qui danse, au long des jours nouveaux à tisser, sur le fil de la rencontre et de la découverte de toutes ces femmes ou hommes qui dansent. En attendant la chair véritable, la peau de cette maison est aussi numérique, tendue entre les îles et les continents, à travers l’Océan. Elle vibre au pas des créations. Quelques-unes sont ici.
* 69 249, c’est le nombre de visionnages du petit espace de Lalanbik sur numeridanse.tv.
Valérie Lafont - directrice de Lalanbik